samedi 30 mars 2013

 
 

 
Évangile selon Saint Jean              Jn 20, 1-18

Homélie de saint Grégoire le grand (+604)

Pour le pape Grégoire, Marie de Magdala, Marie, sœur de Marthe, et la pécheresse dont parle Luc sont un même personnage.

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  Que cherche Marie ?
Marie de Magdala était une pécheresse de la ville. Mais en aimant la vérité, elle effaça dans ses larmes les fautes qui la salissaient, et la Parole de vérité s’accomplit, qui disait : « Ses nombreux péchés lui sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé ». Le péché l’avait transie ; l’amour l’embrasa du feu soudain.

Lorsqu’elle arrive au tombeau et qu’elle ne voit pas le corps du Seigneur, elle pense qu’on l’a enlevé et porte cette nouvelle aux disciples. Ceux-ci se rendent au tombeau, ils ne doutent pas de la parole de Marie.
Après quoi, les disciples s'en retournèrent chez eux.

Marie était restée dehors, près du tombeau, et elle pleurait.
Alors même que les disciples en partaient, cette femme ne voulait pas quitter le tombeau du Seigneur ! Elle ne l’avait pas trouvé ; elle le cherchait encore ; elle le cherchait et pleurait. Elle ne pouvait s’arracher à sa quête, quoi qu’elle pensât le Seigneur enlevé.

Et il advint qu’elle seule le vit, elle qui était restée pour le chercher. Rien de grand ne se fait sans persévérance.
« Celui qui tiendra jusqu’au bout, celui-là sera sauvé », Mt 10,22

« Marie était restée dehors, près du tombeau, et elle pleurait.
Tout en pleurant elle se penche vers le tombeau ».

Elle avait pourtant déjà vu qu’il était vide et elle avait annoncé la disparition du Seigneur. Pourquoi se penche-t-elle encore, pourquoi désire-t-elle encore voir ? Parce que l’amour ne se contente pas d’un seul regard, l’amour est une quête toujours plus ardente. Elle l’a déjà cherché mais en vain. Elle s’obstine et finit par le découvrir.

Ct 3, 1-4               Dans le Cantique des Cantiques, l’Église disait du même Époux :

 « Au long de la nuit, j’ai cherché celui que mon cœur aime.
 Je l‘ai cherché  mais ne l’ai pas trouvé.
Il faut que je me lève et que je fasse le tour de la ville ;

Dans les rues et les places, avez-vous vu celui que mon cœur aime ? 
Je l‘ai cherché  mais ne l’ai pas trouvé.

Les gardes m’ont rencontrée, ceux qui font le tour de la ville:

« Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? »
A peine les avais-je dépassés, j’ai trouvé celui que mon cœur aime. 
Quand cherchons-nous l’Aimé ?
Nous le cherchons la nuit, car si notre esprit veille déjà sur Lui, nos yeux ne voient encore que l’ombre. Cherchons les pas de l’Aimé. Pourquoi se joue-t-il de nos recherches et vient-il si tard ? Pour qu’à sa vue, nous l’étreignions avec plus d’ardeur encore.
Ce désir d’amour faisait dire à David cette prière.

Ainsi aime Marie.
Elle se penche encore sur la tombe où elle a déjà porté ses regards.

« Et elle voit deux anges vêtus de blanc, assis à l'endroit même où le corps de Jésus avait été déposé, l'un à la tête et l'autre aux pieds ».
Ange veut dire messager. Il fallait bien, après la passion, annoncer celui qui est Dieu avant les temps et homme à la fin des temps.

Un ange se tient à sa tête car «  Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu » nous dit l’apôtre Jean.

Un ange est assis à ses pieds car le Verbe s’est fait chair et il a demeuré parmi nous. Ces deux anges sont réunis à la place même où git le Seigneur ; tels les deux testaments qui annoncent de la même voix, la naissance, la mort et la résurrection du Seigneur.
Les anges demandent à Marie : "Femme, pourquoi pleures-tu?"

Elle leur répond: "On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l'a mis."
Dans le tombeau où seul gisait le corps du Seigneur, Marie cherchait le Seigneur, non son corps.

Tout en parlant, elle se retourne et elle voit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c'était lui.
Marie qui ignore encore la résurrection du Seigneur, se retourne pour voir Jésus. Le doute lui avait fait tourner le dos au Seigneur, elle ne pensait pas qu’il était ressuscité. Elle restait partagée entre l’amour et le doute. L’amour le lui montrait ; le doute le lui cachait.

Son ignorance paraît encore : « Elle ne savait pas que c'était Jésus. Femme,  lui dit Jésus,  pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu ? "
Mais elle, croyant qu'elle avait affaire au gardien du jardin, lui dit: "Seigneur, si c'est toi qui l'as enlevé, dis-moi où tu l'as mis, et j'irai le prendre."

Jésus lui dit: "Marie."
Il l’appelait tout à l’heure d’un nom commun à beaucoup de personnes :

- « Femme » et ne se laissait pas encore reconnaître.
Il l’appelle à présent pas son nom : - « Marie ! » l’invitant à reconnaître celui qui la connaît par son nom personnel.

Ainsi appelée par son nom, Marie reconnaît son Créateur, et aussitôt lui répond : "Rabbouni" – c’est-à-dire « Maître ».
Car c’était lui qu’elle cherchait au-dehors, et c’était lui qui lui demandait de le chercher au-dedans.

 Elle se retourna et lui dit en hébreu: "Rabbouni" - ce qui signifie maître.
Jésus lui dit: "Ne me retiens pas! car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Pour toi, va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu."

En notre cœur, Jésus monte vers le Père si nous le tenons pour l’égal du Père. Dans le cas contraire, il n’est pas encore monté, en notre cœur, vers le Père. Celui qui croit le Fils coéternel au Père, celui-là touche véritablement Jésus.
Jean aussi touchait le Sauveur des mains de la foi quand il disait (Jn 1, 1-3)

« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement tourné vers Dieu. Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui ». Il touche le Seigneur, celui qui le croit égal au Père et de substance éternelle.
Jésus lui dit: "Va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu."

Jésus ne dit pas « Notre Père » mais « mon Père qui est votre Père ». La distinction qu’il fait ici, marque que Dieu Père n’est pas le même pour lui et pour nous. « Son Père » l’est par nature et « Notre Père » l’est par grâce.

 « Vers mon Père »parce que je suis descendu ; « Vers votre Père », parce que vous monterez. Dieu est à moi, car je suis homme aussi ; Dieu est à vous, parce que vous avez été délivrés de l’erreur. Dieu Père n’est pas le même pour vous et pour moi : il m’a engendré Dieu avant les temps, il vous a créés hommes avec moi à la fin des temps.
Marie de Magdala vint donc annoncer aux disciples: "J'ai vu le Seigneur, et voilà ce qu'il m'a dit."

Le péché des hommes quitte ici le cœur d’où il était issu. C’est une femme, au paradis, qui tend à l’homme le fruit de la mort ; c’est une femme qui, au tombeau, annonce la vie aux hommes, et rapporte les paroles de celui qui est la Vie. C’est comme si le Seigneur disait aux hommes, non par des mots, mais par des actes : La main qui vous a tendu le breuvage de mort, vous présente aujourd’hui la coupe de la vie ! »

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