Le froid de l’hiver cesse soudain et aussi inopinément qu’il a débuté ; à sa suite, c’est le printemps de l’âme qui éclôt :
Dieu permet que froidure et lourdeur surviennent à quelqu’un pour l'exercer et le mettre à l'épreuve, mais si celui-ci s'excite avec zèle et se force un peu pour rejeter ces sentiments, la grâce viendra sans tarder auprès de lui, telle qu'elle y était jadis, et une force différente viendra sur lui, qui porte cachée en elle tous les biens et des secours de toutes sortes. Il s'émerveillera d'une grande stupeur, en se rappelant la lourdeur d’avant et la légèreté et la force qui en ont maintenant triomphé. Il verra la différence avec son état présent, et comment un changement aussi important a pu se produire en lui aussi inopinément. Dès lors, il sera devenu sage, et si une telle lourdeur devait à nouveau s'emparer de lui, il la reconnaîtra à partir de l'expérience précédente.
Isaac décrit ensuite l'illumination spirituelle et l'exultation qui fait suite à cette période de ténèbres, à l'aide d'un vocabulaire haut en couleurs :
Il y a des moments où l'on est assis dans la quiétude... sans savoir par où entrer ou par où sortir. Mais après avoir longuement fréquenté l'Écriture, après avoir continuellement supplié et rendu grâces pour son état de faiblesse, et avoir fixé sans cesse son regard sur la grâce de Dieu, il arrive, qu'à partir de cette grande détresse vécue dans la quiétude, le coeur peu à peu s'élargit, que quelque chose se met à y germer qui fait naître une joie qui vient de l'intérieur, même si cette joie ne vient pas de la personne en question par un début d'activité de sa pensée. Elle se rend compte de ce que son coeur est dans la joie, mais elle ne sait pas pourquoi. Car une certaine exultation occupe maintenant son âme, dont l'allégresse donne de mépriser tout ce qui existe et tout le visible. À travers la force de cette allégresse, l'esprit voit où se trouve le fondement du ravissement de sa pensée, mais il ne saisit pas pourquoi cela lui arrive. Cette personne voit que son esprit est élevé au-dessus de tout contact avec les choses, et que, dans cette exaltation, il se trouve au-delà du monde..., mais elle ne discerne aucune extension de l'intellect lorsque son coeur danse de la sorte, ou que l’esprit est attiré hors de lui-même et qu’il ainsi provoqué.
Hilarion Alfeyev, L’univers spirituel d’Isaac Le Syrien, Spiritualité orientale, N° 76, Abbaye de Bellefontaine, 129.
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