Eusèbe Le Gallican, A la descente du Christ, l'éternelle nuit des enfers a resplendi
Samedi saint
Heb 4,1-11
Jn 20,1-9
Eusèbe Le Gallican
5e siècle
moine, évêque
Ciel, exulte !
Terre, réjouis-toi !
Ce jour a resplendi pour nous de l'éclat du tombeau, plus qu'il n'a brillé
des rayons du soleil. Que les enfers acclament, car ils ont désormais une issue
; qu'ils se réjouissent, car c'est pour eux le jour de la visite ; qu'ils
exultent, car ils ont vu, après des siècles et des siècles, une lumière qu'ils
ne connaissaient pas, et dans l'obscurité de leur nuit profonde ils ont enfin
respiré ! O belle lumière que l'on a vue poindre du sommet du ciel blanchissant,
tu as revêtu de ta clarté soudaine « ceux qui
étaient assis dans les ténèbres et l'ombre de la mort ».
A la descente du Christ, l'éternelle nuit des enfers a resplendi aussitôt
et les cris des affligés ont cessé ; les liens des condamnés se sont rompus et
sont tombés ; les esprits malfaisants ont été saisis de stupeur, comme frappés
d'un coup de tonnerre...
Dès que le Christ descend, les sombres portiers, aveugles dans leur noir
silence et courbant le dos sous la crainte, murmurent entre eux : « Qui est ce
redoutable, éblouissant de blancheur ? Jamais notre enfer n'en a reçu de pareil
; jamais le monde n'en a rejeté de pareil dans notre gouffre... S'il était
coupable, il n'aurait pas cette audace. Si quelque délit le noircissait, il ne
pourrait jamais dissiper nos ténèbres par son éclat.
Mais s'il est Dieu, que fait-il au tombeau ?
S'il est homme, comment ose-t-il ?
S'il est Dieu, pourquoi vient-il ?
S'il est homme, comment délivre-t-il les captifs ?...
Oh, cette croix qui enfante notre malheur ! Le bois nous avait enrichis et
le bois nous ruine. Cette grande puissance, toujours redoutée des peuples, a
péri !
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