Origène (v. 185 - v. 252/254)
"Moïse écrivit leurs étapes à cause de la parole du Seigneur" (Nb 33,2). Il écrivit ces choses pour qu'en les lisant, nous voyions combien d'étapes nous attendent dans ce voyage vers le Royaume, que nous nous préparions à cette route, qu'à la vue du chemin que nous devons faire, nous ne laissions pas se consumer dans la paresse et l'inaction la durée de notre vie, pour que nous ne nous attardions pas dans les vanités de ce monde, pour que les jours ne s'enfuient pas ainsi, pour que le temps ne s'écoule pas sans que nous nous hâtions de couvrir la distance de ce voyage à faire, pour que nous ne défaillions pas en route, que nous ne subissions pas le sort de ceux qui ne purent arriver au bout et dont "les membres sont tombés au désert".
Nous sommes en voyage, nous ne sommes venus en ce monde que pour passer de " vertus en vertus", et non pour rester sur terre par amour des objets terrestres, comme celui qui disait : "Je détruirai mes greniers et j'en construirai de plus grands", Lc 12,18. Ah ! que le Seigneur ne nous dise pas comme à lui : "Insensé, cette nuit, on te redemandera ton âme", Homélies sur les Nombres XXVII, 7.
« oubliant tout le reste, être disponible pour Dieu ».
« Ce n’est pas une fois seulement que mon Seigneur Jésus est venu sur terre : il est venu également à Isaïe, il est venu à Moïse, au peuple aussi et à chacun des prophètes, il est venu ; toi non plus ne crains point : même si tu l’as déjà reçu, il reviendra à toi. » dit Origène. Car la parole nous met en contact direct avec la personne de Jésus.
C’est ainsi qu’Origène, lorsqu’il commente le Cantique des Cantiques, s’écrie : « la forme divine de Jésus n’est perceptible qu’à ceux à qui il veut la révéler et qui sont prêts à accueillir cette révélation. Lorsque l’épouse, c’est à dire l’Eglise, se convertissant à Dieu, fut dépouillée du voile qui l’enveloppait, 2 Co 3,16, elle aperçut son Bien Aimé sautant sur les montagnes - les livres de la loi- bondissant sur les collines - les écrits des prophètes- et cette manifestation est si évidente, si dépourvue de toute illusion qu’il n’est pas dit de l’Epoux qu’il apparaît, mais qu’il bondit, comme si, feuilletant les écrits des prophètes, elle avait vu le Christ s’en échapper et courir au devant d’elle, comme si, pour avoir quitté le voile qui la couvrait, elle voyait le Christ jaillir de chaque endroit du texte, s’élancer vers elle et lui manifester tout à coup une présence qu’elle ne peut plus mettre en doute. »
« la Parole de Dieu s’installe dans les entrailles de l’homme » selon Origène.
La « lectio » est écoute de la Parole de Dieu, mais surtout ouverture à une présence.
Éminent philosophe, théologien et prêtre chrétien du IIème et IIIème siècle, Origène est l'une des grandes figures de l'école d'Alexandrie dont il fut le recteur dès l'âge de dix-huit ans. Apologiste d'une rare fécondité, il mit au point une méthode d'étude de l'Ancien Testament et fut, ainsi, le fondateur de l'exégèse biblique. Ayant, par ailleurs, une vie mystique intense, il fut également l'instigateur d'une nouvelle forme d'analyse biblique. Il tenta, en effet, de dévoiler le sens spirituel des Écritures par le biais du ressenti considérant que certains passages de la bible seraient indignes d'un Dieu d'Amour s'ils devaient être appréhendés à la lettre... Origène rédigea également de nombreux traités ascétiques et fut le premier Père de l'Eglise à tenter de faire du Christianisme une philosophie mystique. Mais, accusé de dénaturer la foi chrétienne en l'imprégnant des théories néoplatoniciennes, il suscita de nombreuses controverses qui lui valurent le destin des grands martyrs. Suite à sa dernière œuvre, réfutant les attaques d'un philosophe païen, il fut cruellement torturé et mourut de ses blessures.
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