dimanche 2 décembre 2012

Restez éveillés et priez en tout temps


Dom Louis Leloir, O.S.B., moine de Clervaux, DÉSERT ET COMMUNION, 1978, spiritualité orientale n°26, 343- 347

 



Restez éveillés
et priez en tout temps,
pour paraître debout
devant le Fils de l'homme, Lc 21, 36
 

Ce que le moine a en plus du nécessaire, estimaient les solitaires d’Égypte, ne vient pas de Dieu, mais du diable. Ils ne gardaient donc pour eux que ce qui était indispensable à leur subsistance. Conserver plus que le nécessaire, disaient-ils encore,  c’est voler les orphelins et les veuves. Ainsi, au lieu d’accumuler, nos Pères partageaient. Tantôt c’était avec les visiteurs et les hôtes de passage ; ils avaient, en effet, l’habitude de dresser aussitôt la table devant eux et de mettre à leur disposition tout ce qu’ils possédaient. Tantôt c’était avec les plus pauvres de leurs frères. Tantôt, c’était avec les pauvres de l’extérieur. Il est du reste souvent rappelé que le pauvre, c’est le Christ.
Tout naturellement donc, les économies réalisées par le jeûne tournaient au bénéfice des pauvres. Pourtant il n’est jamais parlé d’un jeûne en vue de faire l’aumône. On ne parle pas non plus de jeûner davantage en vue de donner davantage.  Le jeûne des Pères du désert paraît avoir été l’occasion de l’aumône plutôt que son but. D’autres soucis sont souvent évoqués : le souci de maîtriser son corps, d’expier les péchés, d’imiter le Christ. La première charité que les moines doivent au monde, c’est celle de leur sainteté, mieux assurée si –par le jeûne – ils veillent à la discipline d’eux-mêmes, cherchent à ressembler au Christ et à vivre avec Lui.
Si la préoccupation des épreuves et de la misère matérielle de beaucoup d’hommes doit habiter le cœur des moines, celle de leur misère spirituelle doit les obséder bien davantage. La question des veilles est à résoudre avec la même souplesse. Il n’est guère indiqué de peu dormir durant la nuit, pour dormir ensuite pendant les Vigiles. Pourtant le don de la veille existe. Dieu l’accorde parfois, plus souvent de manière intermittente, parfois habituellement. Les pénitences les plus indiquées pour notre temps sont probablement le souci de la politesse et de la propreté, une bonne hygiène et une juste mesure, pauvre, mais suffisante de sommeil et de nourriture, l’effort fourni pour dominer la fièvre dans le travail et se réserver des temps de silence et de prière, la préoccupation du bonheur d’autrui et le zèle à lui rendre des services, minimes et grands.
Pour conclure, quelques lignes de la constitution apostolique de Paul VI, “Repentez-vous“ : À aucune époque la vraie pénitence ne peut faire abstraction d’une ascèse également physique. Tout notre être, en effet, corps et âme, doit participer activement à l’acte religieux  par lequel la créature reconnaît la sainteté et la majesté de Dieu. L’Église invite chacun à accompagner la conversion intérieure de l’Esprit avec la pratique volontaire des actes extérieurs de pénitence. L’Église insiste avant tout pour que la vertu de pénitence soit pratiquée dans la fidélité persévérante à nos devoirs d’état, dans l’acceptation des difficultés inhérentes  à notre travail et à nos rapports sociaux, dans le support patient des épreuves de la vie terrestre, avec son angoissante insécurité. L’Église invite sans distinction tous les chrétiens à obéir au précepte divin de la pénitence par des actes volontaires, en dehors des sacrifices inhérents à la vie quotidienne.

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