samedi 16 juin 2012

Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive !

Saint Augustin et la Bible, Dany Dideberg, Éd. Beauchesne, 1986, Extraits 192 - 201

Saint Jean est appelé le « disciple que Jésus aimait ». Est-ce que Jésus n’aimait pas les autres disciples dont saint Jean a dit : « Jésus les aima jusqu’à la fin », Jn 13, 1 ? Et le Seigneur a dit : « Personne n’a de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis », Jn 15, 13.  Augustin reconnaît que le Seigneur a aimé tous ses disciples. « Mais qui ne serait encore désireux de savoir, dit Augustin, pourquoi, de Pierre et Jean, le Seigneur aimait davantage Jean » ?


Augustin est embarrassé. « Autant que je puisse en juger, je serais porté à dire meilleur, celui qui aime le plus le Christ, mais plus heureux, celui que le Christ aime le plus, si je voyais comment défendre la justice de notre divin libérateur qui aime plus celui qui l’aime moins », Tract. In Io. 124, 4.

Saint Jean est le disciple bien-aimé parce qu’il a reposé à la dernière Cène sur la poitrine de son Maître. Dans le texte latin de Jn 13, 23-25 utilisé par Augustin, « étant allongé » et « se renversant en arrière » sont traduits par un même verbe « se coucher pour manger, se reposer ». Le disciple précise que Jean reposait sur la poitrine de Jésus à la Cène, pour indiquer par là qu’il buvait les plus profonds secrets à l’intime de son cœur. La poitrine est le lieu de la Vérité, des secrets, de la Sagesse. Augustin dit du disciple Jean qu’il se présente à nous comme un ruisseau qui découle de la Source. Jean n’est que le ruisseau. Et Augustin poursuit : Le ruisseau vient à moi et me dit : ‘Bois en toute confiance’ ».

« Dans les quatre livres de l’unique Évangile, le saint apôtre Jean qui a été comparé à l’aigle au sens spirituel, a voulu que nos cœurs s’élèvent dans le sillage de son élévation. Jean a parlé de la divinité du Seigneur comme aucun autre ne l’a fait. Il proclamait ce qu’il avait bu, car ce n’est pas sans raison qu’il est raconté de lui, Jn 13, 25 et 21, 20, qu’à la dernière Cène, il reposait sur la poitrine du Seigneur. À cette poitrine, il buvait donc en secret. Mais ce qu’il a bu en secret, il l’a proclamé au grand jour, afin que soient enseignés à toutes les nations non seulement l’incarnation du Fils de Dieu, sa passion et sa résurrection, mais encore ce qu’était avant l’incarnation l’Unique du Père, le Verbe du Père, coéternel à Celui qui l’engendre, égal à Celui qui l’a envoyé, devenu dans sa mission inférieur du Père et moindre que Lui», Tract. In Io. 36, 1.

« Celui qui reposait sur la poitrine du Seigneur, qu’a-t-il bu, pensons-nous ? Ne pensons pas mais buvons : en effet nous venons d’entendre ce que nous avons à boire », Sermon 119, 1.


Aucun commentaire: