mercredi 18 janvier 2012

''Qu'ils soient un comme nous sommes un", Jn 17, 21.

Audience générale du 14 mars 2007. Texte original italien dans l’Osservatore Romano du 15 mars. Paru dans La Documentation Catholique n° 2378 du 15/04/2007, p. 359.

Saint Ignace fut le troisième évêque d’Antioche, de l’an 70 à l’an 107, date de son martyre. Rome, Alexandrie et Antioche étaient en ce temps-là les trois plus grandes métropoles de l’Empire romain. Saint Ignace était évêque d’Antioche, qui se trouve en Turquie actuelle. Et là, à Antioche, comme nous le savons par les Actes des Apôtres, se forma une communauté chrétienne florissante. Le premier évêque en fut l’apôtre Pierre, nous dit la tradition, et là encore, pour la première fois les disciples reçurent le nom de « chrétiens », Ac 11, 26.

Eusèbe de Césarée, un historien du IVe siècle, écrit : « Ignace fut envoyé de Syrie à Rome pour y être jeté en pâture aux bêtes féroces, à cause du témoignage qu’il avait rendu au Christ. Il exhortait à se garder des hérésies qui commençaient alors à pulluler, et il recommandait de ne pas s’éloigner de la tradition apostolique.




Mystique de l’unité

Il converge en Ignace deux « courants » spirituels : celui de Paul, tout tendu vers l’union au Christ, et celui de Jean, centré sur la vie en lui. Ces deux courants débouchent sur l’imitation du Christ. Ignace est impatient de « rejoindre le Christ ». Et il explique : « Il m’est bon de mourir pour m’unir au Christ, plutôt que de régner jusqu’aux limites de la terre. C’est lui que je cherche, qui est mort pour moi, c’est lui que je désire, qui est ressuscité pour nous (…). Laissez-moi être l’imitateur de la Passion de mon Dieu ! ».

Pour Ignace, l’unité est avant tout une prérogative de Dieu, qui, existant en trois Personnes, est Un dans une unité absolue. Ignace répète souvent que Dieu est unité, et qu’en Dieu seulement l’unité existe à l’état pur et originel. Celle que les chrétiens ont à réaliser sur cette terre n’est qu’une imitation, le plus possible conforme à l’archétype divin. « Il vous est bon, écrit-il par exemple aux chrétiens d’Éphèse, d’agir ensemble en accord avec la pensée de l’évêque, comme vous le faites déjà. En effet, votre collège de prêtres, digne de Dieu, est harmonieusement uni à l’évêque, comme les cordes à la cithare. Jésus-Christ est chanté par votre concorde et votre amour symphonique. Et ainsi vous-mêmes, un par un, devenez-vous un chœur, pour chanter d’une seule voix, dans l’harmonie et la concorde, après vous être mis à l’unisson avec le Dieu de l’unité ». Il recommande aux habitants de Smyrne de « ne pas entreprendre quoi que ce soit qui regarde l’Église sans l’évêque. Travaillez ensemble les uns pour les autres, luttez ensemble, courez ensemble, souffrez ensemble, dormez et veillez ensemble comme des ministres de Dieu, ses assesseurs et ses serviteurs. Cherchez à plaire à celui pour lequel vous militez et de qui vous recevez la récompense. Que personne de vous ne soit jamais déserteur. Que votre baptême demeure comme votre bouclier, la foi comme votre casque, la charité comme une lance, la patience comme une armure ».

Il apparaîtdans les lettres d’Ignace d'Antioche une sorte de dialectique constante et féconde entre deux aspects caractéristiques de la vie chrétienne : d’un côté, la structure hiérarchique de la communauté ecclésiale ; de l’autre, l’unité fondamentale qui lie entre eux tous les fidèles en Christ. Leurs rôles ne peuvent pas s’opposer. L’insistance sur la communion des croyants entre eux et avec leurs pasteurs est continuellement reformulée à travers des images et des comparaisons étonnantes : la cithare, les cordes, l’intonation, le concert, la symphonie.
Saint Ignace d'Antioche, le premier parmi les auteurs chrétiens, attribue à l’Église l’adjectif « catholique », c’est-à-dire « universelle ». « Là où est Jésus-Christ, affirme-t-il, là est l’Église catholique ».

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