mercredi 5 octobre 2011

Sainte Thérèse d'Avila, méditer et contempler


Fête de Thérèse d'Avila le 15 octobre.


- Elle est née en Espagne, à Avila le 28 mars 1515

- En1531, elle prend l’habit religieux au monastère de l’Incarnation des Carmélites d’Avila en Espagne.

- Le père Garcia de Tolédo, dominicain lui demande de décrire ces "phénomènes spirituels" dans un livre qui relatera aussi sa vie quotidienne,et la façon dont elle pratique l’oraison. Ce livre a été écrit en 1562 et s’intitule :« Thérèse d’Avila ,vie écrite par elle même », traduit de l’espagnol par le père Grégoire de Saint Joseph, Editions du Seuil,1949,1995.)

- Elle est béatifiée en 1614 et proclamée docteur de l’Eglise par l’Eglise catholique





La méditation nous l’avons vu est un moyen pratique pour recueillir ses sens, les unifier, les orienter d’une façon consciente vers Dieu. Notre volonté, notre mémoire, notre intelligence sont sollicitées par cette pratique. En soit, il n’y a rien encore de proprement spirituel à ce niveau. La vie spirituelle apparaît lorsque ces facultés sont orientées vers Dieu. Lorsque je médite le Notre Père, peu à peu mes pensées s’ordonnent, s’apaisent, mais ce n’est à ce niveau encore qu’une simple thérapie mentale. Lorsque peu à peu j’oriente les pensées vers celui à qui je m’adresse et que je prends du temps à considérer qui il est, il y a une élévation du cœur à partir des mots sur lesquels j’appliquais la pensée à la présence de Dieu expérimentée dans la foi. L’intelligence s’ouvre et laisse place à Dieu perçu par la foi. C’est ce passage là en fait qui est important et qui est visé par Thérèse, comme par Jean de la Croix. Et c’est à ce niveau que se place la vie contemplative, où l’on passe de la méditation à la contemplation. On entend par contemplation une oraison caractérisée par la prédominance du simple regard, de la vue simple et affectueuse. Par rapport à la méditation, la pensée se simplifie à l’extrême pour admirer et entrer dans le mystère de Dieu. Il n’est plus alors nécessaire de discourir, de réciter tout le Notre-Père, un seul mot peut suffire, une seule image et l’âme se trouve recueillie, absorbée parfois par Dieu. Il peut ainsi arriver de rester une heure sur l’un des articles du Notre Père, le cœur étant saisi par ce Dieu qui peu à peu se fait jour, présent. Car il est vivant ! L’oraison vise à cette expérimentation. C’est alors le démarrage de la vie spirituelle, de l’action de Dieu dans le cœur de la personne.

C 25,1 : « il est fort possible que tandis que vous récitez le Notre Père, le Seigneur vous élève à la contemplation parfaite. Sa Majesté montre ainsi qu’elle entend qui lui parle, et sa Grandeur lui parle à son tour en suspendant son entendement et en arrêtant sa pensée… L’âme comprend que ce Maître Divin l’instruit sans bruit de paroles, suspendant ses puissances, qui feraient plus de mal que de bien si elles agissaient. Elle jouit sans savoir comment elle jouit, embrasée d’amour, l’âme ne sait comment elle aime… »


Dans les quatre manières qu’à l’âme d’arroser le jardin, la première correspond à la méditation et les autres sont une ouverture progressive vers la contemplation. Dans la méditation, l’âme tire du fruit de son propre trésor, de ses propres richesses. Mémoire, intelligence et volonté sont à l’œuvre. Dans cette phase, l’âme peut être embarrassée par ses propres richesses intellectuelles et ne pas comprendre qu’il y a une autre profondeur à son être. Elle peut faire quantité de constructions mentales et en tirer de la joie. Mais où est Dieu là dedans ? Car il est encore peu, bien peu présent, même s’il est à l’œuvre, même si l’âme se tourne vers lui. C’est l’âme qui prend encore, pour ainsi dire, toute la place. Selon le langage imagé de Thérèse, elle prend le seau, le jette à l’eau puis le tire à bout de bras. Le résultat est plutôt moyen et la fatigue est grande. Dieu est discret et respectueux. Si l’on parle, il se tait. Mais, s’il nous arrive de nous taire, alors sans bruit de mots, il apporte sa fraîcheur en nos cœurs. Le but de l’oraison, c’est de faire une place à Dieu dans notre cœur pour qu’il puisse y déposer son amour. Puisque l’âme en ne méditant plus, laisse la place vide en quelque sorte, elle a l’impression pendant quelques instants de ne plus rien faire, de se trouver dans une sorte de vide des pensées, et elle se sent comme perdue et elle a envie de retourner en arrière. Relisons cette phrase.
« …L’âme comprend que ce Maître Divin l’instruit sans bruit de paroles, suspendant ses puissances, qui feraient plus de mal que de bien si elles agissaient. »

Or l’âme ne comprend pas toujours. Et c’est là le point délicat, puisque justement Dieu agit délicatement et que l’âme peut se sentir, dans les débuts un peu décontenancée par cette nouveauté. Qu’elle n’ait donc pas peur, mais garde confiance, car c’est Dieu qui maintenant agit. Il est clair que l’âme perd maintenant toutes ses sécurités, puisque ce n’est plus elle qui agit directement, et il lui faut avancer dans la foi, dans la confiance, sans violence. Cela impose un lâcher prise de l’intelligence, de la mémoire, de la volonté pour avancer dans la foi, l’espérance, l’amour. Et ce passage peut être vécue douloureusement. C’est dans cette lumière qu’on comprend ce que Thérèse écrit en V 11,15 :
« Ils vivent dans l’affliction, persuadés de ne rien faire. Ils ne peuvent souffrir que l’entendement cesse d’agir ; alors que d’aventure la volonté s’amplifie et se renforce, ils ne s’en rendent pas compte… »

Vous comprenez pourquoi il ne faut pas se fixer aux différentes façons d’arroser le jardin, comme autant de repères qui viendraient confirmer notre progression. On peut très bien passer de la première étape à la quatrième et réciproquement. Dieu est le maître et c’est lui qui a l’initiative, à l’âme de se laisser faire, d’être attentive à son action.

http://www.carmel.asso.fr/Sainte-Therese-d-Avila-Chemin-d-oraison.html#sommaire_34

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