SAINT AUGUSTIN ET LA BIBLE, Anne-Marie La Bonnardière, Éd. Beauchesne, 1986, 411 – 425, Extraits
Marthe et Marie ont choisi, l’une
de servir le Verbe fait chair, l’autre d’écouter le Verbe auprès de Dieu, Sermo 104, 3. « Au commencement
était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le
Verbe était Dieu », Jn 1, 1. Voici Celui que Marie écoutait. « Le
Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous », Jn 1, 14. Voici Celui que Marthe servait.
Fixons les yeux, dès l’abord, sur cet axe
christologique de la pensée augustinienne.
Trois portraits de l’Église actuelle : Lia, Marthe et Pierre. Le nom de Lia veut dire « celle
qui travaille ou enfante ». Lia figure l’action humaine et mortelle, dans laquelle
nous vivons de la foi. Lia est la première épouse de Jacob. Marthe recevant le
Christ dans sa demeure signifie l’Église qui existe maintenant, recevant le
Seigneur dans son cœur. Pierre était simplement un homme, mais quand il eut
reçu le pouvoir des clefs, Mt 16, 19, il
représentait l’Église universelle.
En regard de ces 3 portraits, 3 esquisses de l’Église à venir : Rachel, Marie et Jean. Le nom de
Rachel veut dire « la vision du Principe ». C’est l’espoir de
l’éternelle contemplation de Dieu, et c’est pourquoi on dit que Rachel était
belle. Marie, assise aux pieds du Seigneur, attentive à sa Parole, figure le
repos éternel. Jean figure la vie éternelle et bienheureuse.
Les deux vies personnifiées sont l’une et l’autre excellentes. Augustin
remarque que « La vie d’iniquité était absente de cette maison :
elle n’était ni avec Marthe ni avec Marie ; et si quelquefois elle y fut,
le Seigneur en entrant la mit en fuite ». Nous sommes ici dans un climat de
liberté par rapport à l’esclavage du péché. Chez Lia, Marthe et Pierre, comme
chez Rachel, Marie et Jean, leur vie ne présente aucune nuance de culpabilité
librement consentie. « En ces deux femmes, sont figurées deux vies :
vie présente et vie future, vie de labeur et vie de repos, vie de souffrance et
vie de bonheur, vie du temps et vie de l’éternité ».
La vie qui appartient à la nécessité est laborieuse, la vie qui
appartient à la joie est délicieuse. Les deux épouses libres de Jacob, Lia et Rachel, nous annoncent deux
vies dans le Corps du Christ : une vie temporelle de travail, une vie
éternelle en laquelle nous contemplerons la joie de Dieu ».
Saint Augustin oppose ces 2 vies beaucoup plus sur le plan ecclésial,
communautaire, que sur le plan individuel. Il s’agit bien de la vie menée
ici-bas par le Corps ecclésial du Christ et de celle qui l’attend dans le
siècle futur, plutôt que de la condition personnelle de chacun. La Parole de
Jésus à Pierre : Toi, suis-moi, s’adressera à tous les fidèles, car
Pierre représente toute l’Église.
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