Saint Augustin et la
Bible, Dany Dideberg, Éd. Beauchesne, 1986, Extraits 192 - 201
Saint Jean est appelé le « disciple que Jésus aimait ». Est-ce
que Jésus n’aimait pas les autres disciples dont saint Jean a dit : « Jésus les aima jusqu’à la fin », Jn 13, 1 ? Et le Seigneur a dit : « Personne n’a de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis »,
Jn 15, 13.
Augustin reconnaît que le Seigneur a aimé tous ses disciples. « Mais
qui ne serait encore désireux de savoir, dit Augustin, pourquoi, de Pierre et
Jean, le Seigneur aimait davantage Jean » ?
Augustin est embarrassé.
« Autant que je puisse en juger, je serais porté à dire meilleur, celui
qui aime le plus le Christ, mais plus heureux, celui que le Christ aime le
plus, si je voyais comment défendre la justice de notre divin libérateur qui
aime plus celui qui l’aime moins », Tract. In
Io. 124, 4.
Saint Jean est le disciple
bien-aimé parce qu’il a reposé à la dernière Cène sur la poitrine de son
Maître. Dans le texte latin de Jn 13, 23-25
utilisé par Augustin, « étant
allongé » et « se
renversant en arrière » sont traduits par un même verbe « se coucher pour manger, se reposer ».
Le disciple précise que Jean reposait sur la poitrine de Jésus à la Cène, pour
indiquer par là qu’il buvait les plus profonds secrets à l’intime de son cœur.
La poitrine est le lieu de la Vérité, des secrets, de la Sagesse. Augustin dit
du disciple Jean qu’il se présente à nous comme un ruisseau qui découle de la
Source. Jean n’est que le ruisseau. Et Augustin poursuit : Le ruisseau
vient à moi et me dit : ‘Bois en toute confiance’ ».
« Dans les quatre livres de
l’unique Évangile, le saint apôtre Jean qui a été comparé à l’aigle au sens
spirituel, a voulu que nos cœurs s’élèvent dans le sillage de son élévation. Jean
a parlé de la divinité du Seigneur comme aucun autre ne l’a fait. Il proclamait
ce qu’il avait bu, car ce n’est pas sans raison qu’il est raconté de lui, Jn 13, 25 et 21, 20, qu’à la dernière Cène,
il reposait sur la poitrine du Seigneur. À cette poitrine, il buvait donc en
secret. Mais ce qu’il a bu en secret, il l’a proclamé au grand jour, afin que
soient enseignés à toutes les nations non seulement l’incarnation du Fils de
Dieu, sa passion et sa résurrection, mais encore ce qu’était avant
l’incarnation l’Unique du Père, le Verbe du Père, coéternel à Celui qui
l’engendre, égal à Celui qui l’a envoyé, devenu dans sa mission inférieur du
Père et moindre que Lui», Tract. In
Io. 36, 1.
« Celui qui reposait sur la
poitrine du Seigneur, qu’a-t-il bu, pensons-nous ? Ne pensons pas mais
buvons : en effet nous venons d’entendre ce que nous avons à boire », Sermon 119, 1.
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