dimanche 15 avril 2012

L'impatience du Père Picard


 Père Picard († 16 avril 1903)


Au retour d’Osma où il est allé visiter en Espagne le noviciat, le Père Picard rentre à Madrid le 25 novembre 1882. Il voyage dans une carriole attelée à une mule qui ne veut pas avancer. Craignant de rater le train, le Père Picard impatienté saisit le fouet et lui administre une volée de coups. La mule part si brusquement que le Père Picard se heurte violemment la jambe contre le tablier du siège.

Un an a passé. Le père Gery écrit aux novices d’Osma : « Le Père Picard peut marcher un peu à l’intérieur de la maison. Il se fait transporter en voiture pour aller chez les Dames de l’Assomption à Auteuil et à Sèvres chez les Oblates. Mardi, le feu a pris dans sa cheminée ; ne pouvant plus faire de feu dans sa chambre, il doit passer maintenant toute la journée dans le petit salon à côté. Ce dérangement, très gênant dans l’état où il est, le laisse tout aussi calme que les souffrances  quelquefois assez fortes qu’il ressent. Je l’avais pourtant bien connu autrefois au noviciat, mais je l’ai trouvé tel que je ne le connaissais pas encore : il a des paroles de foi plus fortes et plus pénétrantes que jamais qui remuent jusqu’au fond. C’est ainsi que devaient parler les saints et tous ceux qui l’approchent disent que, depuis son mal, il se sanctifie d’une manière extraordinaire. C’est ainsi que cette épreuve est une bénédiction pour lui et pour les siens ».
Sa blessure ne guérit pas et ne guérira pas, les médecins ne comprennent pas pourquoi, mais le Père Picard le sait sans aucun doute. Son mal n’est-il pas la guérison de son impatience ?
Dans cette rude épreuve, Dieu donna au Père Picard une inaltérable patience. Il avait un empire absolu sur lui-même et ses premiers mouvements, alors qu’il était vif par nature. Mais dès le jour où il se blessa la jambe, il entra pleinement dans cette vie de dépendance qu’il devait mener durant 21 ans, sans jamais se plaindre, ni même dire que cela le gênait dans sa charge de supérieur général, calme, serein et abandonné en Dieu.

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