lundi 9 février 2009

Dieu à l'origine de notre lectio


Pour commencer, mettons-nous à l'écoute du prophète Amos : "Voici venir des jours, -oracle du Seigneur mon Dieu - où je répandrai la famine dans le pays, non pas la faim du pain ni la soif de l'eau, mais celle d'entendre la parole du Seigneur. On ira, titubant d'une mer à l'autre, errant du nord à l'est, pour chercher la parole du Seigneur, et on ne la trouvera pas", Am 8,11-12.


Si jour après jour nous cherchons aussi assidûment la parole du Seigneur, c'est parce que le Seigneur, d'abord, a répandu sur la terre désolée de notre coeur la faim et la soif de l'entendre. Ou encore, pour reprendre les mots de saint Paul, c'est parce que Dieu a envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son Fils qui crie vers Lui, Ga 4,5. Dès lors, chercher la parole du Seigneur revient à répondre à cet appel confusément ou ardemment perçu au plus secret de notre être. Lire la bible c'est trouver la parole de vérité grâce à laquelle vont prendre forme et visage les gémissements inexprimables de l'Esprit qui habite en nous, Rm 8,11.22-26. Ainsi Dieu, dans sa parole, prend notre langage d'homme pour que nous puissions comprendre son appel et lui répondre. Il nous attire vers elle pour se révéler à nous.
De là découle l'importance de l'écoute, d'une écoute profonde, ainsi que nous y invite Saint Benoît au début du prologue de sa Règle : "Ecoute, mon fils, les instructions du maître et prête l'oreille de ton coeur", Règle St Benoît Prol.1.

Pour entendre ce que l'Esprit dit aux églises -autre formule de saint Benoît empruntée à l'Apocalypse, RB Prol.11 et Ap 2,7 -, il faut écouter là où l'Esprit habite et appelle : dans nos coeurs (Ga 4,5 et Rm 8,11.22-27); ou plutôt il faut laisser la parole descendre et résonner à cette profondeur où le Seigneur nous attend. Il nous le dit lui-même par la bouche du prophète Osée : "C'est moi qui vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son coeur", Os 2,16. Car la parole du Seigneur est une parole d'amour adressée au coeur de chaque homme ; c'est pourquoi il est nécessaire d'aller au désert pour la percevoir, c'est-à-dire de faire taire tout ce qui ordinairement nous assourdit, les bruits du dehors mais aussi les pensées intérieures, pour être seulement attentif à la voix de Celui qui nous parle. Comme lorsque nous voulons prier, nous devons suivre le conseil de Saint Matthieu : "Entrer dans notre chambre la plus retirée, verrouiller notre porte et nous tourner vers Celui qui voit dans le secret", Mt 6,6, laissant dehors "les soucis du monde, la séduction des richesses et les autres convoitises qui risquent d'étouffer la Parole et de l'empêcher de porter du fruit", Mc 4,19 dans nos vies.

En effet, le trait essentiel, caractéristique de la parole de Dieu est d'être efficace, mieux encore salutaire, et cela parce qu'elle est vérité. "Moi le Seigneur je parle et j'accomplis" lisons-nous à la fin du chapitre 36 du livre d'Ezéchiel. Et Dieu se révèle à nous comme celui qui parle et accomplit afin que nous devenions ceux qui non seulement écoutent mais encore mettent en pratique, Dt 4,1 ; 6,3 ; RB Prol.1. Il nous attire vers sa parole pour que finalement nous la laissions prendre chair en nous. Aussi le modèle par excellence de notre lectio, c'est-à-dire de notre écoute et de notre réponse, va-t-il être Marie, la servante du Seigneur en qui le Verbe a pris vie, s'est incarné pour notre salut, Lc 1,38.41. A son exemple nous garderons la parole et nous la méditerons dans notre coeur, car comme le dit déjà le Deutéronome : "Il ne s'agit pas d'une parole sans importance pour nous ; cette parole c'est notre vie", Dt 32,47.

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