mardi 27 janvier 2009

Par ta lectio divina l’Eglise intériorise la Parole


Quand tu t’adonnes à la lectio divina, tu te trouves impliqué dans une œuvre qui te dépasse et te déborde de toutes parts, tu entres dans un chantier comme un ouvrier parmi une foule d’autres ouvriers. Dans l’exercice de cette activité-là en effet qui mobilise et récapitule toutes les ressources de ton être, tu es, à un titre tout particulier, membre de l’Eglise, du Corps total. C’est toujours en cette qualité de fils et de membre de l’Eglise que tu dois rencontrer la Parole dont l’Eglise seule est la véritable interlocutrice et la véritable dépositaire. A travers l’humilité, l’obscurité, la solitude de ta lectio divina, quelque chose d’immense et de grandiose s’élabore : à travers toi et en toi, c’est l’Eglise qui accomplit son intériorisation cordiale de la Parole. « Marie gardait et comparait en son cœur… », Lc 2,19. Te voilà donc devenu comme une chambre haute de cet immense Cœur ecclésial qui, de la Pentecôte à la Parousie, n’en finit pas de garder, de comparer, d’approfondir les Ecritures ; comme un miroir, une facette de cet immense Corps oculaire, de ce Vivant constellé d’yeux, Ap 4,6 qui n’en finit pas de regarder.

Chaque verset des Ecritures est un son émis par la bouche de Dieu dont les ondes doivent parvenir « jusqu’aux extrémités du monde », Ps 19,5 et se répercuter dans la caisse de résonnance que leur offre le cœur de chaque homme qui les perçoit.

« Comme une source, dans la petite région qu’elle occupe, est plus abondante et distribue son flot par de nombreux ruisseaux à de plus vastes espaces que n’importe lequel de ces ruisseaux qui descend de la même source à travers bien des régions ; ainsi le récit du dispensateur de ta parole, devant servir à de nombreux discoureurs à venir, d’un petit débit de discours fait jaillir des flots de limpide vérité, où chacun puise pour soi le vrai qu’il peut trouver dans ces choses, qui ceci, qui cela, pour l’étirer en de plus grands méandres de paroles », St Augustin, Confessions.


François Cassingena-Trévedy, Quand la Parole prend feu, vie monastique N° 36, Abbaye de Bellefontaine, 74-75.


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