La Lectio est toujours une lecture éminemment personnelle, en ce sens qu’elle implique un élément en quelque sorte subjectif : l’effort que chacun consent pour adapter à son cas ce que rapporte la Bible.
«Toutes ces choses qui sont ici écrites et mêlées, enseigne St Augustin – repris par Saint Grégoire – c’est le miroir de vous-même», Augustin, En. In Ps 33,III,1.
Le lecteur est invité à examiner s’il est conforme à ce que l’Ecriture présente à ses yeux ; et s’il ne l’est pas, il portera tous ses efforts à le devenir. La Parole de Dieu se révèle ici acte qui me dévoile, mais aussi qui fait émerger en vérité ma liberté singulière. «La découverte que réalise celui qui est assidu à la Lectio Divina, précise Enzo Bianchi, est celle d’être lu par la page biblique bien mieux, plus profondément et plus complètement, que lui-même ne lit la page biblique», Enzo Bianchi, « Les difficultés de la lectio divina », Revue La vie spirituelle, décembre 2001, 81ème année, N° 741, tome 155, p. 595-604. Au cœur du message universel, le Maître intérieur nous adresse un message personnel et unique qu’il revient à chacun d’individualiser, d’intérioriser.
«Sachez être contents de ce que pouvez comprendre, disait le Staretz Macaire, et tâchez de le mettre à l’œuvre ; alors ce qui demeurait caché se révélera à votre esprit».
La Parole n’est pas d’abord destinée à nous informer sur Dieu ; elle veut avant tout, nous transformer selon la forme du Christ. «Lire, écrit Nicole Fabre, ce n’est pas d’abord vouloir comprendre, mais consentir à être transformé, engendré par la Parole de Celui qui se révèle. Dire cela, c’est aussi dire que la vérité de cette parole n’est ni dans la lettre, ni dans l’expérience que nous en faisons, mais reste à jamais dans la personne même du Fils».
Toute vie ainsi renouvelée appelle à une action conforme, c’est-à-dire une conversion de l’agir :
«Une vie bonne, conduite à partir des commandements de Dieu, dit encore Augustin, est comme un stylet écrivant dans le cœur ce qu’on entend. Si l’on écrivait dans la cire cela s’effacerait facilement : écrivez-le dans vos cœurs, par votre manière de vivre, et jamais cela ne s’effacera», Augustin, En. In Ps 93,30.
Joseph-Marie Verlinde, Initiation à la Lectio Divina, Parole et silence, 198-199.
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