Saint Grégoire de Nysse (335-395) affirme que la vie spirituelle est croissance, dynamisme et mouvement. Parce qu'aucune limite n'est assignable à Dieu, la quête de Dieu est chemin infini, dont le parcours ne suscite ni fatigue, ni lassitude. II décrit l'âme relancée d'instant en instant en avant par l'Epoux qui l'interpelle: "Lève-toi, viens",invitée sans cesse à passer outre. Car la perfection ne connaît pas de terme, elle est progrès continuel, transformation de "gloire en gloire", comme dit St Paul 2 Co 3,18. II s'agit donc, selon la formule de Grégoire,"d’aller de commencement en commencement par des commencements qui n'ont jamais de fin » :
«Supposons que quelqu’un s’approche de cette source qui, au dire de l’Ecriture, montait de la terre aux origines et dont l’abondance était telle qu’elle se répandait sur toute la surface de la terre. Celui qui s’approchera d’une telle source admirera cette eau infinie qui ne cesse de jaillir et de se répandre. Mais il ne saurait dire qu’il a vu toute l’eau : comment pourrait-il voir ce qui est encore caché dans le sein de la terre ? Aussi longtemps, par la suite, qu’il reste près de la source, il en sera toujours aux commencements de sa contemplation de l’eau. Car l’eau ne cesse de se répandre et de toujours recommencer à jaillir.
Ainsi en est-il de qui regarde vers la beauté divine et sans limite: ce qu’il découvre sans cesse se manifeste à lui comme étant absolument nouveau et étonnant par rapport à ce qui est déjà saisi ; aussi admire-t-il ce qui à chaque instant se révèle à lui et ne cesse-t-il jamais de désirer davantage, car ce qu’il attend est encore plus magnifique et plus divin que ce qu’il a vu. C’est pourquoi, ici également, l’Épouse, tout en ne cessant d’être dans l’admiration et l’étonnement de ce qu’elle découvre, jamais n’arrête à ce qu’elle a ainsi découvert le désir qu’elle a de Celui qu’elle contemple. À cause de tout cela, même maintenant, elle perçoit le Verbe comme frappant encore à la porte et, dans son obéissance, elle se lève et dit : “La voix de mon Bien-Aimé frappe à la porte”, Cant. 5, 2a» .
Onzième homélie sur le Cantique, trad. Adelin Rousseau).
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