St Macaire le grand
« Nous ferons notre demeure chez lui »
Jn 14,22-24
O compassion ineffable de Dieu,
qui se donne gratuitement lui-même à ceux qui croient que Dieu, après un peu de temps, habitera dans le corps de
l’homme et que le Seigneur aura dans l’homme une demeure splendide ! De
même que Dieu a créé le ciel et la terre pour que l’homme y habite, ainsi
a-t-il créé le corps et l’âme de l’homme pour qu’il soit sa propre demeure,
pour qu’il y habite et repose dans le corps, comme dans sa propre maison, ayant
pour épouse pleine de beauté l’âme bien aimée, faite à son image :
« Je vous ai fiancés à un unique Epoux, dit l’Apôtre, pour vous présenter
au Christ comme une vierge pure », 2 Co 11,2 ; et encore : « Nous sommes sa demeure », Hb 3,6.
Ni les sages avec toute leur sagesse,
ni les prudents avec toute leur prudence, n’ont pu comprendre la subtilité de
l’âme, ni dire ce qu’elle est ; seuls ont pu le faire ceux à qui la
compréhension en a été révélée par l’Esprit Saint, et à qui l’exacte
connaissance de l’âme a été donnée. Mais, considère maintenant, discerne et
comprends ce qu’il en est. Ecoute : Lui est Dieu ; elle n’est pas
elle, la créature ; Lui est artisan ; elle, l’ouvrage. Il n’y a rien
de commun entre sa nature et la sienne. Mais, dans son amour et sa compassion
infinis, ineffables et incompréhensibles, il lui a plu d’habiter dans cet ouvrage
et cette créature raisonnable, précieuse et de choix, « afin, comme le dit l’Ecriture, que nous soyons comme les
prémices de ses créatures », Jc 1,18, pour que nous soyons la sagesse
et sa communion, sa propre demeure, sa propre épouse précieuse et pure.
Alors
que de tels biens nous sont proposés, que de telles promesses nous sont faites,
que tant de bienveillance nous a été témoignée par le Seigneur, ne soyons pas
négligents, mes enfants, ne tardons pas à nous élancer vers la vie éternelle et
à nous livrer complètement au bon plaisir du Seigneur, il nous délivre de la
prison, ténébreuse des passions d’ignominie, et pour qu’il prenne la défense de
sa propre image et de son œuvre, qu’il la rende resplendissante et fasse
devenir l’âme saine et pure, et qu’ainsi nous soyons jugés dignes de sa
communion de l’Esprit, glorifiant le Père, et le Fils, et le Saint Esprit, dans
les siècles. Amen.
In Les homélies spirituelles,
Spiritualité orientale 40, Bellefontaine, 1984, p. 356 s.
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