Père Matta
El-Maskîne, moine de l’Église Copte, 20ème siècle.
L’expérience
de Dieu dans la vie de prière, spiritualité orientale, n°71, p. 34-35-124-130,
extraits.
Les dons de la vie chrétienne,
qu’ils soient d’ordre général, comme la nouvelle naissance ou la rédemption qui
efface les péchés, ou d’ordre personnel, comme les charismes d’amour,
d’humilité ou d’ardeur spirituelle, tous ces dons ne peuvent se déployer avec
puissance et efficacité que par la prière.
C’est par la prière que se déploie l’efficacité de la nature du Christ en nous. C’est par la prière que la force de sa vie et de sa mort pénètre nos actions et nos comportements. C’est par la prière que nos pensées et nos paroles, ou même notre silence et notre calme, peuvent exhaler la bonne odeur du Christ, 2 Co 2,15.
Sans la vie de prière, toute
tentative pour proclamer ces effets divins dans la nature humaine relève de la
théorie ou de la contrefaçon. Ce n’est que la manifestation de la volonté
propre du vieil homme qui persiste
tel quel, avec ses tendances et ses passions. Si nous acceptons cette vérité de
la prière, si nous y mettons quoi qu’il en coûte tout notre cœur et toutes nos
forces, nous parviendrons nécessairement aux mystères du Christ que nous ne
connaissions que par ouï-dire.
Cela n’adviendra que lorsque la prière sera devenue pour nous la principale occupation, la priorité qui passe toute priorité, l’obligation qui défie toute obligation, prière de tous les instants, de toutes les circonstances, pour entrer dans l’intimité du Christ, une ardeur guidée par sa parole, sa vie, ses gestes. Toute notre vie, avec tous ses détails, se trouve désormais orientée vers une fin unique : être agréable au Père dans la docilité à la personne de Jésus Christ. Celui-ci remplit alors notre vie et notre pensée. À Lui nous nous attachons durant notre sommeil et durant nos veilles, dans nos paroles et dans nos silences, afin que ce soit Lui qui vive en nous, Ga 2,20, et non plus nous-mêmes.
Nous sentons alors avec certitude le Christ se former en nous, Ga 4,19, pour nous transformer progressivement à son image et à sa ressemblance, selon sa volonté. Alors, nous Le verrons changer nos vies en profondeur, tarir les hémorragies du péché, éteindre les feux de la violence, ouvrir en nous chaque matin une oreille neuve, Is 50,4.
Au fur et à mesure que nous
avançons dans la vie de prière, nous goûtons mieux le sens de l’union avec
Dieu. Dieu place désormais une garde à nos lèvres, Ps 141,3, une sentinelle à nos yeux, et nos oreilles ne s’ouvrent
plus qu’à ce qui est pur, le cœur ne cherchant qu’à aimer.
L’union à Dieu est une expression
théologique qui rend compte de ce que le Christ demande pour nous au
Père : Qu’eux aussi soient un en
nous, Jn 17,21.
L’union à Dieu signifie la
transformation permanente d’une vie selon le corps en une vie selon l’Esprit,
que nous accomplissons dans la foi, et l’effort quotidien, selon la volonté de
Dieu et les exigences du Royaume proclamées par l’Évangile.
L’union à Dieu est le fondement de
toute la foi et du dogme : Dieu nous
a fait connaître le mystère de sa volonté, ce dessein bienveillant qu’il avait
formé en Lui par avance, pour saisir l’univers entier, ce qui est au ciel et ce
qui est sur la terre, en réunissant tout sous un seul chef, le Christ, Ep 1,9-10.
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