lundi 13 septembre 2010

Père David Journault, Croix Glorieuse

Mardi 14 septembre 2010


Fête de la Croix Glorieuse

1Co I,18-24 ; Jn XIX,6-11,13-20,25-28,30-35.


La fête de la Croix Glorieuse est une occasion pour nous de réfléchir sur la place de la Croix dans notre foi… car nous nous sommes habitués à la Croix ! Depuis le Vendredi Saint, la Croix n’est pas seulement un instrument de supplice : elle est devenue le signe de la souffrance du Christ et le signe de notre libération. «Quand j’aurai été élevé de terre, dit Jésus, j’attirerai tout à moi", Jn 12,32.

La fête que nous célébrons plonge ses racines au IVème siècle à Jérusalem où, après avoir été découverte, la Croix du Christ était proposée à la vénération des pèlerins chaque 14 septembre.

Cette place prédominante de la Croix dans la foi et dans la pratique religieuse des chrétiens n’est pas toujours facile à comprendre pour ceux qui nous regardent de l’extérieur. Car enfin, n’est-ce pas étrange de choisir comme symbole de notre foi l’instrument de supplice sur lequel notre Dieu a été mis à mort ? Et comment pouvons-nous qualifier de “glorieuse” cette Croix, instrument de supplice et de mise à mort ?

Dans l’histoire de l’Église, on remarque que dans les premiers temps qui ont suivi la mort, la résurrection et l’ascension de Jésus, la Croix n’a pas été utilisée comme symbole. Dans les représentations, on voit bien que les chrétiens commencent à utiliser la Croix comme symbole à partir du moment où elle n’est plus utilisée comme mode d’exécution.

Nous nous sommes habitués à la Croix : nous en avons dans nos églises, dans nos maisons, au bout de nos chemins, dans nos cimetières… Je ne sais pas combien il y a de croix et de calvaires en France, mais elles sont là comme les témoins de la foi de nos ancêtres qui les ont installées, comme les témoins de notre foi… Mais qu’est-ce que cela veut dire de vénérer la Croix ? Comment la Croix peut-elle être la preuve de l’amour de Dieu ? Comment l’instrument de supplice d’un innocent peut-il être glorieux ?

Que nous dit Jésus ? « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. » Le Christ fait référence à ce passage de l’histoire d’Israël que nous avons relu dans le livre des Nombres, dans la première lecture. Face à l’épreuve de la vie, face au danger, représenté par les serpents, le serpent de bronze fabriqué par Moïse veut être le moyen pour le peuple de se rappeler qu’il tient sa vie du Seigneur et que c’est en restant fidèle à Dieu qu’ils seront sauvés.

La Croix, c’est ce lieu suprême de l’abaissement du Fils de Dieu : venu dans notre monde, il a pris chair dans la Vierge Marie et s’est fait homme… Venu pour enseigner les hommes et leur ouvrir le chemin de la communion avec Dieu, son Père et notre Père, il a été rejeté par certains, et conduit jusqu’à la mort, et la mort sur la Croix.

Mais cette mort devient alors le moyen du Salut du monde : en vivant sa Passion par amour pour nous tous, en acceptant de porter le poids du péché de l’humanité, en s’offrant à son Père comme la victime sainte et parfaite, le Christ nous libère du péché et de la mort éternelle. Comme le serpent de bronze pour le peuple d’Israël au désert, le Christ sur la Croix sauve ceux qui le contemplent.

Mais alors que le serpent de bronze procurait une guérison physique, adorer le Christ procure une guérison spirituelle et ouvre les portes de la vie éternelle.

La Croix du Christ a bien plusieurs sens : elle est le symbole de la haine et de la cruauté dont l’homme est capable, mais elle est bien plus le symbole de la douceur et du pardon du Christ. Par sa Passion, le Christ nous montre jusqu’où va l’amour de Dieu pour nous. C’est sur la Croix que Jésus manifeste pleinement l’étendue de l’amour du Père pour l’humanité : finalement, sur la Croix, le Christ là encore nous parle d’amour et de tendresse.

Et si la Croix peut être dite “glorieuse”, ce n’est pas par je ne sais quel attachement macabre à la souffrance. Non, si la Croix peut être dite “glorieuse”, c’est parce qu’elle est le lieu où se manifeste l’amour parfait, c’est parce qu’elle est le lieu où Dieu lui-même se révèle de la façon la plus parfaite.
Demandons au Seigneur la force de suivre son Fils sur le chemin de la Croix, sur le chemin du don de nos vies, alors nous pourrons aimer comme le Christ nous a aimés. Amen.

http://peredavidjournault.blogspot.com/2008_09_01_archive.html

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