Il n’est personne qui n’aime : mais qu’aime-t-on ? On n’exige pas que nous cessions d’aimer, mais que nous choisissions l’objet de notre amour. Or choisirions-nous si nous n’étions d’abord choisis ? Nous n’aimons que si nous sommes aimés les premiers. Ecoutez l’apôtre Jean : c’est lui que se penchait sur le cœur de son Maître et qui, en ce repas, buvait les célestes secrets. Cette boisson, cette ivresse heureuse lui inspirèrent ce mot : « Au commencement était la Paroles, Jean 1,1 ». Sublime humilité ! Enivrement spirituel ! Mais ce grand inspiré, c’est-à-dire ce grand prédicateur, en autres secrets qu’il puisa sur le cœur de son Maître, proféra celui-ci : « Nous l’aimons parce qu’il nous a aimés le premier, I Jn 4,10". C’était accorder beaucoup à l’homme que de dire en parlant de Dieu : Nous aimons. Nous, lui ? Des hommes, Dieu ? Des mortels, l’éternel ? Des pécheurs, le juste ? Des êtres fragiles, l’immuable ? Des créatures, le créateur ? Nous l’avons aimé ! Et comment l’avons-nous pu ? Parce que lui-même nous a aimés le premier. Cherche comment l’homme peut aimer Dieu, et tu ne trouveras rien d’autres que ceci : Dieu nous a aimés le premier. Celui que nous avons aimé s’est lui-même donné : il s’est donné pour que nous l’aimions. Qu’a-t-il donné pour que nous l’aimions ? L’apôtre Paul vous le dira plus clairement : « L’amour de Dieu, dit-il, s’est répandu en nos cœurs, Rm 5,5 ». Par qui ? Est-ce pour nous ? Non. Par qui alors ? Par l’Esprit Saint qui nous a été donné.
St Augustin, Extrait Sermon 34, sur le psaume 149, in A. Hamman, Les Pères de l’Eglise, DDB, 273-274
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