vendredi 4 novembre 2011

JEAN TAULER, Sermon 37

Lc 15, 1-10 La drachme perdue

Une femme avait perdu une pièce de monnaie. Elle alluma une lampe pour la chercher. Cette femme représente la divinité, la lampe c’est l’humanité divisée et la pièce de monnaie, c’est l’âme.

La femme de la parabole retourne toute sa maison pour retrouver la pièce qui est perdue. Considérons cette recherche qui se fait dans l’âme humaine. Il y a une façon de chercher qui est active quand la créature humaine se met à chercher. La recherche extérieure dans laquelle l’homme participe à la quête de Dieu, passe par la pratique extérieure des vertus, l’humilité, la douceur, le silence, la résignation.

Il est une recherche, plus relevée. C’est quand l’homme rentre dans son propre fond, au plus intime de son être pour y chercher le Seigneur. « Le Royaume de Dieu est en vous ». Qui veut trouver ce Royaume, à savoir Dieu dans sa propre nature, doit Le chercher où Il est, c’est-à-dire dans les profondeurs les plus intimes où Dieu est plus près de l’âme, où Il lui est plus présent qu’elle ne l’est à elle-même.

Ce fond, il faut le chercher, et pour le trouver, il faut entrer dans cette maison en se détachant des sens et du sensible. Tout ce que les sens apportent d’images et de formes au-dedans de l’âme, toutes les représentations intellectuelles particulières à l’entendement, tout cela il faut l’écarter.

Quand l’homme est entré dans ce fond le plus intime, Dieu survient et recherche cet homme, et il retourne la maison de fond en comble. Toutes les représentations sous lesquelles la présence de Dieu se rend sensible à l’âme, au moment où elle rentre en ce fond intérieur, elle s’en voit tout d’un coup privée : tout est retourné de fond en comble, tout ce qui avait été donné ou révélé à l’homme intérieur, tout cela est retourné d’un seul coup.

Dans ce bouleversement, l’homme intérieur, pourvu qu’il puisse s’y résigner, est conduit infiniment plus loin que par toutes les œuvres, toutes les méthodes et tous les bons propos qui furent jamais proposés ou inventés. Et cela devient pour lui chose facile, chaque fois qu’ils le désire, de rentrer en lui-même et de prendre son essor au-dessus des choses temporelles.

Mais chez la plupart, la nature est toujours en quête de quelque support où s’accrocher. Dans leur manque de détachement, certains se montrent même rétifs.

Pour ceux qui pratiquent l’abandon et l’égalité de l’âme, leur affaire progresse d’elle-même. Ils se séparent et se détachent de tout ce que la nature est portée à rechercher comme support, et ils vivent dans un véritable abandon.

Ainsi doit-on renoncer à soi-même devant tout obstacle qui empêche de rentrer véritablement dans la demeure intérieure.

SAINT COLOMBAN, LITURGIE DES HEURES, TOME IV, P.173

Seigneur Jésus, allume ma lampe à ta propre lumière. Qu'à ta lumière je ne cesse de te voir, de tendre vers toi mon regard et mon désir. Alors, dans mon cœur, je ne verrai que toi seul, et en ta présence ma lampe sera toujours allumée et ardente.

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